Seien Sie Flugdame
(1990)

La performance "Soyez dame de vol" prend pour point de départ des espaces. Dans ce cas, il s'agit de parties choisies de la ville de Bâle, composées d'espaces publics intérieurs, de canyons de rues, d'une place, d'une avenue et d'un parc. Nous prenons ces lieux comme point de départ, tant au niveau du contenu que de la forme. Nous prenons cette structure urbaine réelle et tissons autour de cette réalité des histoires imaginaires que nous transformons en images performatives. Cela donne à ces espaces publics quotidiens une signification particulière pendant un instant. La performance est une procession d'une heure qui débute dans la laverie de l'Isteinerstrasse, passe par la place de l'entrée principale de la Mustermesse, traverse l'allée du Riehenring, prend un virage serré et descend la Drahtzugstrasse pour finalement entrer dans le Claramattepark. La procession s'arrête à cinq endroits. Il s'agit de cinq événements qui ont chacun leur propre atmosphère et leur propre auteur, mais qui sont tous reliés entre eux par une dramaturgie. Tout commence dans la laverie, c'est là que Regina Schmid joue sa pièce de lavage préproduite d'un quart d'heure, qu'elle a prélevée sur le matériel sonore des lavages et mixée en studio. La commissaire de la police criminelle Pipilotti Rist guide la fée à cheval dans l'avenue, qui résonne d'une tempête. La cuisinière Mathis, Muda, tient un discours depuis une fenêtre du 5ème étage, "Le manifeste de l'existence modeste", car elle sait ce qu'il en est. Elle fait dérouler son tablier blanc de 18 mètres de long, qu'elle coupe finalement et laisse flotter vers le bas. Dans le parc, un cercle de 10 mètres de diamètre est entièrement recouvert de vêtements. L'éternelle blanchisseuse Madörin, Fränzi, rassemble ces vêtements, paquet après paquet. Elle lave dans des cuves moussantes jusqu'à ce qu'elle meure, épuisée, sur la montagne de linge. Gaby Streiff place à la place des vêtements un labyrinthe blanchâtre de poudre noire. Allumée, elle se propage rapidement jusqu'à la femme du feu, qui se dépêche. Avec des roulements de tambour et un discours en allemand et en turc, la performance atteint ici son point culminant. A côté, dans le pavillon de musique, les Reines Prochaines réunies entonnent leurs chansons que la vie a écrites.