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Revolving Histories (#bangbang-0157)

Der Tisch
(1993)



STOP.P.T., La table avec Eva Fuhrer/Norbert Klassen, festival STOP.P.T. and GO, 26.11.1993.
Dans la performance sur table de Norbert Klassen et Eva Fuhrer (26 novembre 1993, Dampfzentale Berne), une table avec une chaise est placée sur la scène. Klassen s'approche, observe l'installation, pose et range la chaise. Quel genre de rencontre peut avoir lieu autour d'une table où il n'y a pas de chaises ? Après que Klassen a décidé comment il voulait s'habiller, la cravate en concours et la veste plutôt à l'envers, puis sans un mot et en se poussant la tête, il essaie de mettre de l'ordre dans sa tête, Eva Fuhrer s'approche de la salle du public et s'assoit sur la table. Si son apparition provoque d'abord l'étonnement et le ravissement de Klassen, qui tente de la faire sortir de sa réserve avec une cigarette, la rencontre en devenir s'effondre aussitôt. L'intérêt et la fascination de Klassen se portent sur la fumée qui s'élève de sa cigarette. Complètement absorbé, il s'allonge sur la table et fixe la fumée. Fuhrer regarde le public avec un peu de perplexité, mâche quelque chose de collant, sort un téléphone portable de sa poche, passe un coup de fil bref et bref, puis s'appuie sur Klassen pour regarder le vide d'un air rêveur. De l'anonymat et de la réserve du début, la scène gagne un soupçon d'intimité et de complicité.

Les deux interprètes ne se rencontreront pas pendant toute la durée de la représentation. Klassen et Fuhrer représentent un vieux couple bien rodé, habitué à ce que chacun donne la priorité à sa manie et la prenne plus au sérieux que son propre partenaire. Norbert Klassen n'est pas seulement absorbé par la fumée de cigarette, mais encore plus par les séries de chiffres. Pour mieux rassembler ces poèmes de chiffres dans sa tête, un bonnet de bain de femme, qu'il change régulièrement pendant sa performance à table, semble indispensable. Il récite les combinaisons de chiffres avec délectation, les rythmant et les dramatisant, ou bien elles sont enregistrées par un dictaphone. Eva Fuhrer, en revanche, semble souffrir d'une névrose de mouvement. Elle ne cesse d'allumer la musique (d'un poste de radio qu'elle a entre-temps récupéré et posé sur la table). Elle tourne autour de la table ou se balance avec l'une des six chaises que Klassen a récupérées et installées à un moment donné. De temps en temps, il y a des moments de contact fugaces qu'ils autorisent tous les deux. Ils sont toutefois de courte durée et semblent faire partie du répertoire de leur relation : l'homme et la femme se sécurisent, l'autre est toujours là, toujours occupé par ses affaires, tout est en ordre. L'homme ou la femme peut reprendre là où il/elle s'est arrêté. L'échec est toujours inhérent à toute rencontre. Par exemple, lorsque Klassen oublie un instant ses chiffres et s'abandonne à la musique de Fuhrer, que cet oubli de soi les fait sourire tous les deux et qu'ils commencent à jouer avec leurs mains, les chiffres enregistrés par dictaphone refont soudain surface. Klassen se détourne et se tourne vers ses chiffres. C'est un jeu entre homme et femme, entre chiffres et musique, entre rationalité et sensualité. Toutes les tentatives de rencontre échouent inévitablement et continuellement, même si tous deux réclament constamment un moment de convivialité. C'est un jeu qui pourrait être poursuivi à l'infini. Mais il s'achève lorsque l'un d'eux, perdu dans ses pensées et assis par terre, se met à méditer sur ses chiffres et que l'autre, après une danse digne d'un art martial, s'assoit sur une chaise et se penche sur la table.

(tiré de "Rund um STOP.P.T. Nicht vom Theater zur Performance, nicht zwischen Performance und Theater - sondern sowohl Performance als Theater." de Simona Travaglianti, dans "Norbert Klassen. Pourquoi n'applaudissez-vous pas ?", p. 58-59
STOP.P.T. and GO

place: Dampfzentrale, Bern
Dokumentationstyp: Dokumentation einer Performance/Aktion / Documentation of a performance/action

Alternative
© ART-Nachlassstiftung
Medium

Video 4:3